08 octobre 2006

Lectures








D'Alexandre Dumas à Michel Audiard, en passant par Malraux et Umberto Eco, un éclectisme littéraire qui puise ses origines dans la fréquentation assidue des livres et leurs auteurs.




Les auteurs plébiscités par André-Yves Bourgès sont tous ceux qui ont rallié le camp d’un humanisme exigeant, voire dérangeant, coloré d’anarchisme, volontiers provocateur et parmi lesquels il faut citer indistinctement, quels que soient leur courant de pensée, la nature de leur œuvre ou leur talent d’écriture : avant hier, Claude Tillier, l’inoubliable auteur de « Mon oncle Benjamin » ; hier, Antoine Blondin, Albert Vidalie ou bien encore René Fallet et leur commun attachement à la bouteille dont Maître Alcofribas Nasier avait su, avant eux, abstracter la quintessence ; aujourd’hui peut-être Orlando De Rudder (mort le 22 octobre 2015).

D'autres écrivains

Des monuments comme Montherlant et Malraux, pour l’étincelance du style et pour les « misérables petits tas de secrets » qui continuent d’entourer des personnalités ambiguës et controversées ; mais aussi des auteurs plus modestes comme Jacques Isolle dont la courte « Chronique de Saint-Macé », délicieusement illustrée par Maurice Pouzet, annonce sur le mode mineur le procédé qui sera magnifié par Umberto Eco dans « le Nom de la Rose ».

Par dessus tout, Alexandre Dumas : derrière le dramaturge, derrière le romancier, derrière le mémorialiste, c’est toujours le même extraordinaire dialoguiste, action et sentiment mêlés. Et des personnages à ce point attachants que leur destinée continue d'émouvoir : ainsi le fougueux D’Artagnan, notre sur-moi d'éternel jeune homme, mais également le nébuleux Athos, le pompeux Porthos et l’onctueux Aramis, qui sont comme autant de facettes d'une même personnalité. Ou bien encore la candide Constance Bonacieux, dont la grandeur d'âme et l'élévation des sentiments attestent la vraie noblesse qui toujours fera défaut à Milady et à ses semblables...

Michel Audiard

Enfin Michel Audiard vint pour renouveler une langue populaire qui s’enlisait et qui du reste continue souvent de s’enliser dans les différents argots, du vieux javanais parisien à l’actuel verlan des banlieues, en passant par le loucherbem, sans parler des jargons technicistes, tous véritables et pitoyables patois. La langue populaire, c’est celle qui s’enrichit chaque jour d’expressions nouvelles, toujours plus imagées, sans jamais renoncer à être comprise de tous ; c’est la sénéfiance à l’état pur, c’est tout à la fois le roman courtois et le fabliau gaulois, le monologue de l’homme d’action, le dialogue des amoureux, la tirade des Horaces, la mitraillade verbale, le déluge des mots, l'apothéose rhétorique, la jubilation et la gouaille, la métaphore conjuguée à la périphrase : "J'ai bon caractère, mais j'ai le glaive vengeur et le bras séculier ! L'aigle va fondre sur la vieille buse ! - C'est chouette comme métaphore, non ? - C'est pas une métaphore, c'est une périphrase. - Ah ! Fais pas chier !... - çà, c'est une métaphore".

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